Le symptôme, le sinthome et les nœuds (Lacan)

Résumé
Dans sa dernière période, Lacan déplace le regard : du symptôme freudien (formation de compromis à déchiffrer) vers le sinthome — un mode de nouage propre à chacun, par lequel le sujet se soutient. Il formalise ce nouage avec la topologie des nœuds borroméens : Réel (R), Symbolique (S) et Imaginaire (I).
Les trois ronds du symbolique de l’imaginaire et du réel forment un noeud. Quand l’un défaille, un quatrième anneau peut faire suppléance : le sinthome.

Le travail analytique ne vise pas la suppression pure et simple du symptôme : il cherche ce savoir-y-faire avec le sinthome qui singularise chacun. L’analyste n’est pas un « réparateur », mais une présence qui permet au sujet de rencontrer la logique de son propre nouage.(Que sont les anneaux borroméens?
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/transcoded/b/b0/Borromean_rings.webm/Borromean_rings.webm.720p.vp9.webm)
1. Repères : RSI & nœuds
Imaginaire (I) : images du corps, mirages identitaires, doubles et rivalités. Symbolique (S) : langage, loi, parentés, nominations (le « Nom-du-Père » comme fonction). Réel (R) : ce qui résiste à la signification, ce qui « ne cesse pas de ne pas s’écrire ». Dans le nœud borroméen, si un anneau lâche, l’ensemble se défait ; un quatrième anneau — le sinthome — peut assurer la cohésion.
2. Du symptôme (Freud) au sinthome (Lacan)
Freud : le symptôme, produit de compromis, se déchiffre (sens latent, transfert, interprétation). Lacan : dans sa dernière élaboration, le sinthome n’est pas seulement un message à lire ; c’est un mode de jouissance et d’arrimage propre à chacun — souvent indélébile. On ne l’« enlève » pas : on apprend à savoir-y-faire avec.
3. La place du symptôme dans la cure
Le but n’est pas l’idéale disparition du symptôme, mais la mise en logique de sa formation (chaînes signifiantes, équivoques, ponctuations) et la découverte du sinthome qui soutient le sujet. L’analyste occupe la place du non-savoir, faisant chuter le « Sujet supposé savoir » pour que le sujet rencontre la consistance de son propre nouage.
4. Repères cliniques
- Repérer les signifiants maîtres, métaphores et équivoques qui structurent le dire du sujet.
- Écouter le mode de jouissance en jeu : où ça insiste ? comment ça se fixe ?
- Identifier les suppléances : quand et comment le sinthome « tient » le nouage (ex. styles, rituels, œuvre).
- Viser un savoir-y-faire avec (plutôt qu’une éradication fantasmatique).
- Éthique : du bien-dire plus que du bien-faire ; l’analyste comme « sinthome » ponctuel dans la cure.
5. Repères bibliographiques
J. Lacan : Séminaire XXIII Le Sinthome (1975-76) ; Séminaire RSI (1974-75). S. Freud : textes cliniques sur la formation du symptôme. Études sur Joyce (exemple paradigmatique de suppléance par l’écriture).
Continuez l’exploration sur le thème de la Maladie
Restez sur le sujet « Symptôme » :

Symptôme ou Maladie ?
Nous avons appris à penser que les symptômes sont causés par des maladies. Mais si cette relation était inversée ? Et si les symptômes n’étaient pas des signes…

Le symptôme concrètement
Symptôme ou maladie ? — Le concret et l’abstrait « Le symptôme est un fait qui se vit — ici et maintenant ; la maladie, un classement qui se…