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Douleur & vitalité : le présent à vif

« La douleur crie, la vitalité répond ; entre les deux, le présent nous sauve. »

Présent à vif : contraste entre souffle et pointe

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Résumé

Marcher pieds nus sur une punaise, c’est d’abord un signal d’alarme : danger. Mais c’est aussi la preuve d’une vitalité qui répond : le corps se retire, protège, répare.

La douleur nous ramène au présent — là où l’ajustement est possible. Le passé nourrit la culpabilité (« j’aurais dû… »), le futur alimente la peur (« et si… ») ; la guérison, elle, commence ici et maintenant, dans ce geste simple qui réoriente et apaise.

Kairos : quand la pointe réveille l’instant

1. Anatomie d’un kairos

L’instant où la pointe traverse la peau suspend le temps. Le mental s’arrête : ne restent que souffle, battement, brûlure. Ce “présent à vif” est douloureux, mais il est aussi un repère : il ramène d’un seul geste à ce qui est, ici et maintenant.

2. Deux forces à l’œuvre

La douleur est un signal fort : elle alerte, mobilise, exige une réponse. La vitalité est la réponse du vivant : coaguler, protéger, réparer, apprendre. L’une appelle, l’autre répond. Les confondre nous égare ; les écouter ensemble nous oriente.

3. Sortir des filets du temps

Le présent ouvre, quand le passé (peur, regret) et le futur (anticipation, culpabilité) referment. Se soigner, c’est revenir à ce point d’équilibre où l’expérience se transforme en décision juste : respirer, nettoyer, protéger, puis reprendre le pas.

4. Pratiques brèves pour habiter l’instant

  • 3 souffles carrés (4–4–4–4) : inspire 4 s, retiens 4, expire 4, retiens 4. Trois cycles pour “désaturer” le système d’alerte.
  • Nommer en 7 mots : « douleur vive / plante du pied / pique / présent / je respire / j’apaise / j’agis ». Nommer, c’est déjà réguler.
  • 1 geste juste : rincer, désinfecter, protéger, surélever. Le geste coupe la boucle peur–douleur.
  • Journal de l’instant : une ligne le soir : « Aujourd’hui, 1 % de mieux parce que… » (sommeil, humeur, mobilité, clarté).
  • Échelle 0–10 (douleur puis vitalité) : noter les deux. Chercher ce qui augmente la seconde, même d’un point.

5. Le médecin interne : gardien du présent

Son rôle : contenir l’orage, rappeler le point de départ, repérer les signaux faibles d’amélioration (respiration plus ample, visage qui se détend, sommeil qui revient, initiative minime, appétit d’un aliment simple). Il tient le cap pendant que le corps fait son œuvre.

6. À emporter

  • La douleur informe, la vitalité transforme.
  • Le présent tranche : une décision simple vaut mieux qu’une explication longue.
  • Le mieux-être murmure : apprendre à l’entendre accélère la guérison.

Kairos : la métaphore du port

Le rôle caché de la douleur

Vitalité et danger, par le biais de la douleur, ramènent le voyageur en nous dans l’espace singulier du présent, car il s’était perdu dans ses pensées, dans ses émotions, dans l’espace infini du passé ou du futur . Dans ce présent, vitalité et danger se livrent une guerre silencieuse, chacun rivalisant pour nous amarrer au port d’où nous avons embarqué, dès notre premier souffle, dans ce voyage temporel qui oscille entre passé et futur.

Le Présent, Porteur de Kairos et Port d’Humanité

La vitalité de la vie côtoie la douleur dans l’unique espace du présent, ce lieu fugace et précieux où s’entrelacent chaque battement de cœur et chaque soupir de l’âme. Ici, dans l’instant même, la force de l’existence se mesure à la clarté de la douleur, qui, comme une aiguille fine, signe sur notre chair la preuve indéniable de notre fragilité. Pourtant, loin d’être un simple avertissement, cette douleur doit se muer en un signal vibrant, invitant à pleinement embrasser la vie. Ceci est le basculement actuel dont parle ce site.

Imaginez un port ancestral, symbole de notre origine, d’où nous avons pris le large dès notre naissance. C’est vers ce lieu de référentiel que le présent nous ramène à chaque instant. Tel un phare dans la tempête, la vitalité et la douleur se disputent le droit de nous ancrer dans ce moment unique, offrant tour à tour la fraîcheur du renouveau ou la morsure de l’épreuve. Ainsi, quand l’instant se fait aussi brutal qu’un pas sur une punaise, il nous rappelle que nous sommes encore vivants, que notre existence, faite de contrastes saisissants, n’est jamais absente des tourments mais toujours ouverte à l’espoir.

Entre Danger et Vitalité : L’Instant Présent comme Havre de Paix ou comme champs de bataille

Ce combat intérieur entre l’ardeur de la vie et la rudesse d’un environnement complexe et dangereux devient depuis toujours l’origine de notre souffrance collective qui se réflètent dans notre facon d’interpréter les évènements du moment sans jamais varier cette approche.

Car par une erreur d’interprétation commune à l’Humanité, nous nous identifions avec ce combat comme étant celui de notre survie. Nous créons ainsi inutilement notre souffrance. Une question légitime se pose alors : comment une telle aberration cognitive a été possible, comment l’Humanité entière a pu se mettre d’accord sur une telle interprétation.

La réponse est connue sous le nom de « dissonance cognitive » et a été formulé pour la première fois par le psychologue Leon Festinger dans son ouvrage A Theory of Cognitive Dissonance (1957) ( Regardez ma page : Dissonance cognitive)

Par cette dissonance cognitive, nous fuyons danger, donc automatiquement notre propre vitalité, voulant éviter leur opposition dans la douleur, perdant ainsi notre ancrage dans l’éphémère Kairos du présent. Ce sont alors les filets étroits du passé et du futur—tissés de peur et de culpabilité—qui tentent sans relâche de nous emprisonner en nous rappelant ce que nous avons été ou ce que nous risquons de devenir. Cette dualité, passé/futur, agit comme un tourbillon temporel, nous poussant inconsciemment à reconsidérer sans cesse qui nous sommes et ce que nous désirons réellement. Et c’est en ce point précis, entre l’ombre du regret et l’aube d’une espérance naissante, que se trouve l’essence même du soin, qui, par la compréhension des mécanismes en jeu, dépasse par une solidarité naissante la simple compassion.

Et, d’un coup, nous voyons la réalité sans peur, sans culpabilité : ceci se déroule dans le cadre du moment présent vécu comme concret et réel. Et ce cadre est inscrit dans notre être comme un poème qui se réécrit à chaque battement de cœur. La douleur, avec sa présence implacable, fait écho à notre passé et, dans sa lueur crue, interroge l’avenir. Elle nous arrache de l’indifférence du confort illusoire pour nous confronter à la réalité, celle de notre humanité vibrante, à la fois belle et imparfaite.

Dans cette lutte silencieuse, chaque instant se fait sculpteur de notre identité. Le médecin, en particulier celui de la médecine interne, devient alors le gardien de ces instants fragiles, un compagnon attentif qui observe, ressens et guide. Le praticien, armé d’un savoir-faire aussi technique qu’artistique, choisit d’accepter la dualité de l’existence pour aider chacun à retrouver le port sûr de son être. Face à la violence de la douleur et à l’appel irrésistible de la vitalité, il offre à ses patients plus qu’un diagnostic : il leur tend une main amie pour naviguer entre ces mondes, éclairant la voie par la lumière d’un présent vécu intensément.

Ainsi, chaque rencontre, chaque geste, chaque parole devient une méditation poétique sur l’importance de vivre pleinement. C’est dans le labyrinthe du temps, entre douleur et vitalité, que se révèle toute la beauté d’une existence constamment renouvelée, un rappel constant que, malgré l’ombre du passé et les incertitudes du futur, le présent reste notre refuge, notre phare, et surtout, notre promesse d’un renouveau infini.

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